Dans une triste réalité, El-Geneina, capitale du Darfour-Occidental, demeure le foyer d’une série d’attaques quasi-continues depuis un mois, causant un bilan humain provisoire dépassant les 500 morts.
Zeinab Abubaker, autrefois agricultrice dans un paisible village, a été contrainte de fuir vers El-Geneina en 2003, lorsque les janjawids, milices du gouvernement d’Omar el-Béchir, ont détruit son village. En avril 2022, sa maison brûle lors d’une nouvelle vague d’attaques, la poussant avec ses six enfants vers l’université reconvertie en point de rassemblement. Les conditions sanitaires y sont déplorables, avec environ 83 000 déplacés. Les attaques sur les camps, déjà en cours depuis l’accord de paix de Djouba en octobre 2020, se sont intensifiées depuis le 15 avril, ravivant les tensions dans la région.
Les affrontements entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR) de Hemeti à Khartoum ont répercuté ces tensions, avec El-Geneina en première ligne. Les pertes humaines dépassent les 500 victimes depuis le 24 avril, selon un syndicat de médecins. Les citoyens multidéplacés font face à des conditions précaires, confrontés à des attaques tribales distinctes des enjeux politiques de la capitale.
Le conflit tribal, enraciné depuis le début du conflit du Darfour, est exacerbé par le retour de jeunes Massalit, peuple “non arabe”, armés après l’accord de paix de Djouba. Les milices arabes réclament l’évacuation des camps de déplacés par crainte de les voir devenir des bases arrière.
Les FAS n’ont pas réussi à reprendre le contrôle d’El-Geneina depuis mi-avril. Les erreurs passées de l’armée, en collaboration avec les responsables politiques de l’ancien régime, ont contribué à la création des FSR, menées par Hemeti, aujourd’hui l’un des hommes les plus riches du Soudan.
La situation à El-Geneina reste tendue, avec les milices arabes préparant de nouvelles attaques et les jeunes Massalit organisant une contre-attaque défensive. Les violences ont également touché d’autres villes du Darfour, montrant l’ampleur de la crise. Les informations suggèrent que Hemeti pourrait se replier dans son Darfour natal en cas de défaite à Khartoum, renforçant ainsi les craintes d’une escalade du conflit.
Malgré une trêve déclarée le 22 mai, les vidéos d’un nouvel assaut à El-Geneina soulignent la complexité d’une paix durable dans cette région isolée, où les miliciens luttent à la fois contre l’armée et les communautés Massalit. Des frappes aériennes sur Khartoum ont également violé la septième tentative de cessez-le-feu.